Je suis née en Australie. J’adore ce pays, il est magnifique avec ses plages de sable blanc, ses vagues et ses tubes … Ma vie d’adolescente était parfaite. J’allais surfer tous les jours, je passais mes soirées sur la plage, autour d’un feu entouré de ma bande d’amis. Et c’est à cette époque, vers mes 18 ans que je l’ai rencontré. Lui. Celui qui a fait que me vie est devenue un enfer sans nom, sans fin … Marlon est entré dans ma vie comme un cheveu sur la soupe. Nous sommes sortis ensemble très rapidement et avec la même rapidité je suis tombée éperdument amoureuse de lui.  De trois ans mon ainé, il m’avoua très rapidement qu’il était originaire de Moscou et qu’il venait d’arriver en Australie pour échapper à la Bratva. Etant impliqué dans des affaires de drogues, de meurtres et autres crimes, il était en cavale. Partager sa vie, courir le risque d’en payer le prix fort et de vivre à jamais en cavale avec lui, pour ses beaux yeux ? Bien sûr que je le fis. Nous étions un couple soudé, nous baisions tout le temps, c’était sauvage, animal mais tellement fusionnel. Mais j’ai appris à mes dépends une petite chose. Il ne faut jamais sous-estimer la Mafia Russe. Elle avait réussi à prendre contact avec différents gangs australien et c’est ainsi que notre vie bascula. Nous étions constamment en fuite, dormant à l’hôtel, continuant à dealer pour gagner de la tune. Evidemment, le soir, dans notre planque on s’en foutait plein les narines, les veines … Bref en trois ans nous étions le couple le plus recherché de la baie de Sydney. Ma vie d’antan était si loin derrière moi … J’avais coupé tous les ponts avec ma famille, avec mes amis, ne voulant pas les mettre en danger.

Nous avions atterris à Townsville. Une grande ville plus au nord-ouest de la grande île. Nous nous étions éloignés autant que nous avions pu. Marlon connaissait cette ville, elle était réputée pour ses nombreux trafics de drogue. C’était parfait pour nous. Inconnu on pouvait aisément faire passer notre came. Nous avions trouvé un appartement dans lequel on s’était autorisé à se poser. Devenu notre repère, notre QG, on y resta deux longues années. Nous étions ultra fusionnels et même si parfois il me battait, il s’en voulait tellement après ça … Tellement que je revenais dans ses bras. Mon corps accusait ma vie de dealeuse et avec le temps j’étais de plus en plus maigre, cernée, en manque … Mon bras, celui que je piquais commençait à devenir douloureux … Mais ce n’est pas grave. Nous avions notre petit réseau nous étions tranquille et nous avions commencé à arrêter de regarder derrière nous pour savoir si nous étions suivi. Jamais nous n’aurions dû baisser notre garde. Alors que nous étions dans notre appartement, en train de manger des pâtes que j’avais cuisiné lorsqu’ils sont entrés. Instinctivement nous avons cherché à nous enfuir par la fenêtre. Marlon est passé devant moi, me poussant légèrement … Je suis restée tellement choquée que j’en ai oublié de sauter … Je suis restée coincée dans l’appartement … Ils m’ont attrapé évidemment, ces connards avaient des tasers qu’ils ont utilisés sur moi, me faisant perdre connaissance. Lorsque je me réveille, je suis dans une pièce. D’après l’humidité je suis dans un sous-sol. Mes mains sont attachées dans mon dos, mes chevilles ligotées et un horrible mal de tête me barre le cerveau. Je suis transpirante … Je... Je suis en manque. Depuis combien de temps suis-je ici ? Impossible de le dire. Il y avait un groupe de cinq hommes qui étaient autour d’une table ronde. Ils fumaient, ils jouaient au poker. J’en vis un qui se fit un rail … Mon sang palpite si fort dans mes tempes, mon corps est parfois secoué de tremblements … Après mon réveil, je suis resté dans cette cave deux jours de plus. Sans manger sans boire. Je n’étais plus que l’ombre de moi-même et j’en voulais tellement à Marlon … Comment avait-il put me laisser seule ? Comment avait-il pu m’abandonner ? Alors que je suis assise dans cette cave humide, emplie de la fumée de leurs pilons, je me mets à pleurer dans mon coin. Trop de pression, j’avais besoin de relâcher … Mais l’un des hommes m’entendit alors que je tentais d’être la plus discrète possible. Il se leva vers moi et s’accroupis pour être à ma hauteur. « Ben alors on est triste ? T’en fais pas il va venir ton prince charmant. »  Je lui mordis le doigt de mes forces tirant dessus le plus possible avec l’envie de le lui arracher. L’homme devait faire deux mètres pour 150 kilos. De son énorme main, il saisit ma tête pour me faire lâcher. Finalement c’est une gifle monumentale qui me fit lâcher prise. J’essuie mon visage sur mon épaule. Je sens dans ma bouche le gout âcre du sang et je crache par terre. « Espèce de salope, on va voir comment tu vas tenir encore, je crois savoir que tu es en manque. » Quel enfoiré. Bien sûr que je suis en manque. Un jour de plus. Je n’ai plus aucune force, je suis vidée et je suis en manque. L’homme que j’avais mordu revint vers moi le soir avec une seringue. Que va-t-il me faire ? De toute façon je suis plus à ça près. Qu’il me pique. Je me piquais dans les deux bras. Enfin en réalité je ne me piquais que dans le bras gauche mais j’ai choppé une infection et comme je ne peux aller voir de médecin j’avais continué à me piqué dans le bras droit. Sauf que cette enflure me posa un garrot sur le bras gauche … Je tente d’échapper à son étreinte, lui expliquant qu’il ne doit pas faire ça, je criais d’appréhension … La peur me tordait le ventre … Puis il me piqua le bras gauche, ce qui m’arracha un nouveau cri à réveiller les morts. La douleur, la brûlure n’avaient pas de noms … C’était indescriptible. Mais la drogue afflua dans mes veines et je me sentie tout de suite beaucoup mieux … Je planais … Mon corps sombre dans une démence sans nom … Le néant. Puis je suis réveillée par un fracas monstrueux. Il s’agit des forces spéciales australiennes qui ont découvert la planque de ce gang de dealers. Je fus prise en charge, détachée et emmenée aux urgences. La bas je fus identifié et une fois que je fus soignée et guéri, ce fut un allé simple pour la prison de Sydney. Retour à la case départ. Je restais un an dans cette prison pour femme et j’ai cru que j’allais pêter un câble. J’ai fait une dépression à cause du manque procuré par la drogue bref je n’étais plus rien … Et un beau jour, on ouvrit ma cellule en m’expliquant que quelqu’un avait payé ma caution et que j’étais libre. J’avais du mal à y croire … Qui cela pouvait-il bien être ? Lorsque je sortis, Marlon m’attendait, il était en costume face à moi. Je lui en voulais tellement pour ce que j’avais enduré par sa faute … Mais la pression que j’ai accumulée durant toute année se déversa dans les larmes qui s’écrasaient sur son costard impeccable. Je pleurais dans ses bras, si soulagée de le retrouver. J’avais 24 ans lorsque je suis sortie de prison. Marlon en avait 27. Il voulait qu’on arrête tout, qu’on se pose. Il m’avait même demandé en mariage. Nous allions nous marier. Tout l’argent qu’il avait accumulé nous permettrait de vivre confortablement pour les dix prochaines années. Mais il faut croire que le bonheur ne veut pas de nous. Alors que nous étions dans la maison que nous avions acheté à Darwin, dans le nord de l’Australie un membre d’un gang est entré chez nous et a tiré une balle dans la tête de Marlon, mort sur le coup. Ma vie était fichue.


Je suis arrivée à Moscou deux jours après la mort de Marlon. Pourquoi Moscou ? Tout simplement parce qu’ils ont les meilleures drogues du monde. Voilà pourquoi. On ne se change pas, je suis et je resterais une junkie. La Bratva est de nouveau à mes trousses. Je suis en cavale en permanence, mes nerfs sont à rude épreuve et j’ai abattu un des hommes de la Mafia Russe. Bordel de merde.  A croire que je ne m’en sortirais jamais de ce merdier. Mes conneries m’ont poussées à faire une overdose et j’ai atterri à l’hosto en pleine convulsions … Je m’en sors. Encore et toujours mais en salle de réveil, mes yeux croisèrent les siens. Bordel de merde.